La construction de la route Ndjolé-Mankim, d'une longueur de 36,7 kilomètres, située sur la Nationale N° 15, dans la région du Centre du Cameroun, a récemment connu un changement de maître d'œuvre. Après la rupture du contrat avec l'entreprise chinoise China Railway 20 Bureau Group Corporation (CR20), le ministère des Travaux publics (Mintp) a choisi Sinohydro pour reprendre et achever les travaux sur cette importante route.
La décision de confier le projet à Sinohydro est le résultat d'un processus de résiliation du contrat entamé en mai dernier, sur instruction du ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi. À l'époque, le ministre avait demandé à Sinohydro de mobiliser une équipe avec du matériel et du personnel indépendants afin de poursuivre les travaux du lot 2B, qui comprend la section Ndjolé-Mankim.
La révocation du contrat avec CR20 fait suite à une série de défaillances majeures constatées dans l'exécution du projet, notamment une mobilisation insuffisante de ressources, un défaut de personnel pour mener à bien les travaux, des retards dans la réalisation des fondations, des rendements faibles sur les chantiers, et l'arrêt des activités dans la carrière due à une panne du moteur principal, entre autres.
Il est important de noter que CR20 est la deuxième entreprise à être jugée incompétente pour réaliser les travaux sur cette route. En octobre 2020, la société portugaise Elevolution avait également été écartée en raison de sa performance insatisfaisante sur le projet. Les sections Ntui-Ndjolé (60 km) et Ndjolé-Mankim (36,7 km) avaient été attribuées à CR20 pour un montant de 35,43 milliards de francs CFA dans le cadre du lot 2A. Cependant, après près d'un an de travail, ces sections n'avaient été exécutées qu'à moins de 2 %.
L'entreprise Sinohydro reprend donc un chantier qui a été réalisé à hauteur de seulement 21,83 % à la fin d'avril 2023, malgré des mises en demeure répétées qui n'ont pas abouti à une amélioration significative. Cette situation peut être considérée comme une volte-face des bailleurs de fonds du projet, notamment la Banque africaine de développement (BAD), la Banque de développement des États de l'Afrique centrale (BDEAC), et l'État du Cameroun. En effet, la route Ntui-Mankim (96,7 km) avait été initialement attribuée à CR20 en octobre 2021, malgré la concurrence de Sinohydro. Cette décision avait suscité des controverses et des objections, jusqu'à ce que la BAD intervienne pour trancher le débat.
Le gouvernement camerounais n'a pas divulgué les garanties ou arguments qui ont convaincu de confier la section Ndjolé-Mankim à Sinohydro. Toutefois, il est précisé que Sinohydro a soumis les autorisations nécessaires pour remporter le marché des travaux.
En décembre 2022, Sinohydro avait déjà décroché un autre contrat pour la construction de la route Mankim-Meteing (62 km) d'une valeur de 32,773 milliards de francs CFA, et le projet avait atteint un taux d'exécution de 13,36 % en août 2023.
Le marché initial attribué à China Railway était de 23,995 milliards de francs CFA, avec une avance de démarrage de 4,7 milliards de francs CFA pour la section Ndjolé-Mankim, et 7 milliards de francs CFA pour la section Ntui-Ndjolé, soit un total de 11,7 milliards de francs CFA. Le marché attribué à Sinohydro aurait pris en compte les travaux déjà réalisés par CR20 et les travaux restants.
La route Nationale N° 15 relie la région du Centre à l'Adamaoua au Cameroun. L'aménagement du tronçon Ntui-Ndjolé-Mankim devrait à terme réduire la durée de voyage entre ces deux régions.
Face à ces développements, une question clé se pose : comment Sinohydro gérera-t-elle la reprise des travaux de construction de la route Ndjolé-Mankim, et quelles mesures prendra-t-elle pour assurer le succès du projet ?
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