La nouvelle du décès du philosophe camerounais Hubert Mono Ndjana a secoué le paysage intellectuel du Cameroun le 16 novembre. Préalablement annoncé comme décédé la veille, des proches avaient démenti l'information, révélant toutefois que son état de santé était critique et nécessitait une évacuation. Malheureusement, la triste nouvelle a été confirmée par le correspondant de Jeune Afrique au Cameroun, Franck Foute, qui a annoncé le décès du philosophe au petit matin du 16 novembre.
Hubert Mono Ndjana, figure éminente du monde académique camerounais, a laissé derrière lui un riche héritage. Sa carrière universitaire l'a vu étudier au Cameroun, puis en France à l'Université François Rabelais de Tours. De retour dans son pays natal, il a occupé divers postes administratifs, notamment dans le milieu académique, tout en explorant, avec moins de succès, le domaine politique. Il s'est distingué en étant l'un des premiers intellectuels camerounais à soutenir publiquement le Président Paul Biya lors de son arrivée au pouvoir en 1982.
Son engagement politique s'est matérialisé par des publications visant à éclairer la pensée politique et sociale du président camerounais. Dans les années 1990, avec l'avènement du multipartisme, Hubert Mono Ndjana a occupé le poste de secrétaire général adjoint du RDPC, le parti au pouvoir dirigé par Paul Biya, où il était responsable de la communication. Cependant, son engagement politique a suscité des controverses, provoquant des critiques de ses pairs universitaires et adversaires qui avaient une vision plus théorique de la philosophie et de la vie universitaire.
En 1990, il a obtenu un doctorat d'État à l'Académie des Sciences du Djoutché à Pyongyang, en Corée du Nord, devenant le premier Camerounais à accéder au grade universitaire de Professeur des Universités en philosophie le 5 février 2003. Après sa retraite, il a continué à enseigner à l'Université de Yaoundé I, où il était professeur émérite de philosophie. Sa voix influente dans l'espace public reposait sur des concepts innovants tels que l'épistéméthique, la normalisation de l'écart, et l'écartement de la norme, qu'il utilisait pour mener une critique sociale rigoureuse.
Hubert Mono Ndjana, spécialiste d'éthique et de philosophie politique, était également un auteur prolifique, abordant des questions éthiques, politiques, économiques et sociales. Son travail d'historien des idées s'est concentré sur l'évolution des philosophies africaines et camerounaises, faisant de lui une figure respectée dans le domaine intellectuel.
La question qui persiste est la suivante : quel impact le legs intellectuel d'Hubert Mono Ndjana aura-t-il sur la pensée philosophique et politique au Cameroun et au-delà ? Sa voix critique et sa contribution à la compréhension des enjeux éthiques et politiques continueront-elles à résonner dans la société camerounaise et au sein de la communauté intellectuelle ?
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