L'usage de la cryptomonnaie au Cameroun a connu une augmentation significative, suscitant à la fois l'intérêt et l'inquiétude des autorités et des investisseurs. Selon une étude sur le développement des cryptomonnaies et des activités liées aux systèmes de Ponzi présentée en août à Yaoundé, le Cameroun compterait près de 900 000 utilisateurs de cryptomonnaies, ce qui équivaut à 6,76 % de la population active. Cette statistique place le Cameroun au 11e rang en Afrique en termes d'utilisateurs de cryptomonnaies, le Nigeria étant en tête avec 22,33 millions d'utilisateurs.
L'utilisation de la cryptomonnaie a connu une forte croissance depuis le début de la pandémie de COVID-19, car elle ne nécessite pas de déplacement physique. Cependant, cette expansion s'est accompagnée de problèmes, notamment des cas d'arnaques liés à des systèmes de Ponzi, où certaines entreprises ont trompé leurs clients en promettant des rendements élevés.
L'étude a examiné 18 entreprises qui offrent des services liés aux cryptomonnaies et 1872 acteurs économiques impliqués dans ces investissements. Les activités de ces entreprises incluent des conseils en investissement sur les marchés financiers, l'achat et la vente en ligne de cryptomonnaies, ainsi que la gestion de portefeuilles de cryptoactifs. Cependant, seules quelques-unes sont directement impliquées dans l'investissement en cryptomonnaie, avec Global Investment Trading (GIT), détenteur de Liyeplimal, qui compte environ 90 000 adhérents pour cette activité en 2021.
L'étude révèle que la plupart des investisseurs ont des revenus moyens ou bas, et seuls 4,9 % de la population ont un revenu mensuel supérieur à 500 000 FCFA. En moyenne, un client investit environ 1600 dollars, soit environ 800 000 FCFA, tandis que la rémunération moyenne d'un client est d'environ 300 dollars, soit environ 150 000 FCFA par semaine. De plus, plus de 57 % des utilisateurs estiment avoir connaissance des risques liés à l'utilisation de la cryptomonnaie, notamment les arnaques, les vols et les faillites.
Le Cameroun a récemment mis en place un cadre réglementaire pour les actifs numériques dans le cadre du marché financier commun de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC). Cependant, l'étude considère que ce cadre est encore insuffisant et recommande des mesures pour réguler davantage le secteur. Parmi les recommandations figurent la clarification des termes "jetons numériques" et "actifs numériques", la fermeture immédiate des entreprises de cryptomonnaie mêlant des systèmes de Ponzi, la mise en place d'une plateforme de veille multisectorielle pour surveiller les activités liées à la cryptomonnaie, et l'examen de la possibilité d'introduire une monnaie numérique de banque centrale dans la zone CEMAC.
L'expansion rapide de l'utilisation de la cryptomonnaie au Cameroun soulève des questions sur la nécessité d'une réglementation et de mécanismes de protection des investisseurs, mais aussi sur la possibilité de tirer parti de cette technologie pour stimuler le développement économique. Les autorités et les acteurs du marché devront travailler ensemble pour trouver un équilibre entre l'innovation et la protection des consommateurs.
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